Les Québécois aiment prendre l'avion à Plattsburgh
12 novembre 2007 - 06h51
La Presse
Maxime Bergeron
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L'aéroport de Plattsburgh est apprécié par les Montréalais...
La «montréalité» de l'aéroport de Plattsburgh se confirme: quelque 80% des passagers du nouveau vol d'Allegiant Air vers la Floride sont des Québécois de la région métropolitaine, a appris La Presse Affaires.
Garry Douglas, président de la chambre de commerce de Plattsburgh et responsable du développement de l'aéroport, a l'impression d'avoir gagné un pari.
«Nous avions dit à Allegiant que ce serait 80% et nous avons visé juste», a-t-il lancé pendant un entretien téléphonique.
Allegiant est l'un des deux seuls transporteurs en activité à la nouvelle aérogare de Plattsburgh, inaugurée en juin dernier.
La compagnie de Las Vegas offrira dès vendredi deux vols hebdomadaires à bas prix vers Fort Lauderdale, et elle en ajoutera deux autres au début de 2008.
La demande est très, très forte, affirme la porte-parole de l'entreprise, Tyri Squares.
«C'est vraiment une des réponses initiales les plus fortes que nous ayons jamais observées parmi la soixantaine de villes où nous nous sommes installés.»
Allegiant offre des vols vers Fort Lauderdale à partir de 12 aéroports américains, et c'est à Plattsburgh que les avions (des MD-80 de 150 places) se remplissent le plus vite en prévente, dit Mme Squyres.
L'entreprise compte bientôt ajouter d'autres liaisons vers la Floride au départ de Plattsburgh.
Le responsable de l'aéroport Garry Douglas affirme pour sa part être en discussions «très sérieuses» avec deux autres transporteurs à rabais, intéressés à offrir des vols à partir de Plattsburgh.
Plattsburgh ou Burlington?
Garry Douglas compte utiliser le succès d'Allegiant comme modèle. Il veut prouver aux autres compagnies aériennes le potentiel commercial de l'aérogare, qui se targue sur son site web bilingue d'être «l'aéroport américain de Montréal».
«Nous sommes maintenant un aéroport secondaire pour la région de Montréal, lance M. Douglas. Montréal est la dernière grande région métropolitaine d'Amérique du Nord à ne pas avoir d'aéroport secondaire. Burlington est, par défaut, devenu la chose la plus proche d'un aéroport secondaire pour les Montréalais...»
Au fur et à mesure que le nombre de vols augmentera, Garry Douglas espère que les Québécois opteront pour Plattsburgh plutôt que pour l'aéroport de Burlington, au Vermont.
À l'heure actuelle, 30% des passagers de Burlington sont des Québécois, ce qui représente environ 400 000 voyageurs par année, a-t-on appris.
Garry Douglas est persuadé que Plattsburgh a plusieurs atouts dans son jeu. L'aéroport est «libre de toute dette, payé à 100% et déjà rentable», dit-il.
Et il propose des frais d'atterrissage et de décollage très bas aux transporteurs, un avantage majeur pour les attirer selon lui.
«Les ententes que nous proposons aux compagnies aériennes sont tellement abordables qu'elles éclatent littéralement de rire lorsque nous leur indiquons nos prix», a claironné M. Douglas à La Presse Affaires.
Burlington zen
À l'aéroport de Burlington, situé à 156 km de Montréal, on ne s'inquiète pas des visées de grandeur de Plattsburgh.
La clientèle québécoise est déjà bien établie et elle croît sans cesse, a indiqué Robert McEwing, directeur du développement et de la planification, pendant un entretien téléphonique.
«Ça a augmenté constamment depuis quatre ou cinq ans, et maintenant, avec la valeur du dollar, de plus en plus de Canadiens en profitent», a-t-il dit.
Continental, Delta, United, US Airways, Northwest et la très populaire JetBlue offrent déjà des vols à partir de Burlington. Les économies sont souvent substantielles.
L'attrait de Burlington auprès des Québécois laisse miroiter un bon potentiel de croissance pour l'aérogare de Plattsburgh, selon Jacques Roy, professeur spécialisé en aviation à HEC Montréal.
«Les gens, en général, même s'ils sont assez bien nantis, ont une espèce de réticence à payer cher pour leur billet d'avion, a-t-il souligné. Une fois sur place, ils n'ont pas de réticence à payer 12$ pour leur drink, mais ils veulent garder le prix de leur billet le plus bas possible.»
Les longues files d'attentes qui se forment souvent à la frontière canado-américaine ne constituent pas un handicap majeur, ajoute le professeur.
«On a juste à regarder tous ceux qui vont magasiner à Plattsburgh pour faire leur épicerie, ça n'a pas l'air de les jeter à terre», a-t-il dit.
«C'est peut-être même un argument de plus ces jours-ci, a-t-il poursuivi. Avec le dollar, les gens vont prendre l'avion à Plattsburgh ou Burlington, et quand ils reviennent, ils vont faire leurs emplettes. Et vu qu'ils ont séjourné plus de 48 heures aux États-Unis, ils passent les douanes relativement facilement.»
Les Canadiens qui restent entre 24 et 48 heures aux États-Unis ont une exemption de taxes de 50$. Le montant grimpe à 400$ au-delà de 48 heures, puis à 750$ après sept jours.
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