Le lundi 29 décembre 2003
Question de classe, en affaires
Pierre Vincent
La Presse
Fin de soirée dans l'aérogare de Dorval: les employés dans les commerces regardent leurs montres entre un coup de balai et un bâillement. Le vol 94 de British Airways à destination de Londres-Heathrow va bientôt partir.
Les passagers de la classe Club World avalent une dernière gorgée de leur boisson préférée, ferment leurs ordinateurs et sortent, sans se presser, du salon des V.I.P. pour se diriger vers la salle d'embarquement.
Surprise, en tout cas, pour certains néophytes de ma trempe: notre cabine est immense et ressemble à un heureux mélange de salon et de salle à manger, le tout décoré à l'ancienne. Les sièges, par groupes de deux ou trois, se font face en biais. Un paravent pliant permet de s'isoler de son voisin au besoin et un repose-pied permet de s'étirer de tout son long.
«Je peux vous offrir un verre de champagne?» propose, presque en susurrant, l'hôtesse de l'air. Du Charles Heidsieck bien frais, ça ne saurait se refuser! Tout comme la suite: salade fraîche garnie de mozzarella, olives et tomates; pétoncles, crevettes et thon au court-bouillon parfumé au fenouil; mousse au chocolat blanc et mûres. Et, avec ça, un Chablis 1er cru Beauregard et un merlot de Sonoma.
Après le repas, mis à part quelques rares irréductibles vissés à leur petit écran (18 chaînes de télé et de films, dont je n'ai pas eu le temps de faire le tour), la plupart des passagers convertissent leur siège en lit. Longs de 1,83 m et parfaitement plats. La cabine Club World devient un véritable dortoir volant.
British a investi 465 millions pour l'aménagement de ses classes Affaires et First à bord de ses appareils affectés aux longs cours. Le B-777-200, qui fait la navette, ce soir, entre Dorval et Heathrow, compte quatre classes (First, Club World, World Traveller Plus et World Traveller) inégalement divisées en autant de cabines.
Club World occupe vraiment beaucoup d'espace dans cet habitacle volant, même s'il n'y a que sept rangées de sept sièges: 49 places, contre 84 dans la quatrième classe, qui paraît moitié plus petite. La différence d'espace vital pour chaque passager entre ces deux classes se reflète également dans le prix: 5588 $, l'aller-retour en Club World, contre 864 $ en World Traveller.
Le hasard faisant, parfois, bien les choses, j'ai eu l'occasion de faire deux autres traversées de l'Atlantique dans des conditions aussi douillettes sur les ailes de deux autres transporteurs, qui misent, eux aussi, sur un maximum de confort (larges distances entre les rangées) et un summum de qualité dans les services pour attirer la clientèle dite d'affaires.
Gastronomie française
Alors que British Airways se targue d'être le seul transporteur à offrir de «vrais lits» à ses passagers, Air France peut s'enorgueillir, à juste titre, de la qualité de sa table en classe Espace Affaires. Le menu du vol Paris-Montréal, en avril dernier, proposait un choix de deux hors-d'oeuvre (médaillon de foie gras de canard et son orange confite ou pétoncles marinés à la coriandre et aux agrumes), trois plats chauds (noisette d'agneau poêlée, filet de saumon sauce veloutée aux asperges ou filet de poulet sauce citron), un plateau de fromage (camembert, saint-nectaire et bleu d'Auvergne) et un assortiment de desserts (feuillantine au caramel, tarte au citron, truffon au chocolat, sorbets et petits fours secs ainsi qu'une corbeille de fruits). Je ne saurais vous expliquer comment on s'y prend, mais viandes et poissons sont toujours cuits à point. Tel que souhaité ou même demandé.
La carte des vins comprend, outre le champagne Piper-Heidsieck Brut Millésimé 1996, un Bourgogne Hautes Côtes de Beaune du Château de Mercey, un Chassagne-Montrachet 1999 de la Maison Labouré-Roi et un Médoc Cru Bourgeois 1999 du Château Loudenne. Parmi les autres «petits plus» d'Air France, mentionnons un large choix des plus prestigieux quotidiens du monde et des plus luxueux magazines, un siège dont le dossier peut s'incliner à un angle de 145 degrés, un appui-tête réglable sur 4 positions doté d'un oreiller en plume et en duvet et 1,22 m d'espace pour prendre ses aises.
Gastronomie canadienne
Air Canada offre, depuis l'an dernier, une classe Super Affaires sur ses vols transatlantiques: fauteuils pouvant s'incliner jusqu'à 151 degrés, 60 pouces entre les sièges, casques d'écoute atténuateurs de bruit et «le meilleur de la gastronomie canadienne». La liste des apéritifs du vol Toronto-Rome, en mars dernier, suggérait, outre les boissons alcoolisées et non-alcoolisées habituelles, un surprenant cocktail, baptisé «Iceberg Atlantic Seabreeze», fait d'un mélange de vodka terre-neuvienne, de jus de canneberge et de jus de pamplemousse.
Pour le premier plat, il fallait choisir entre le jambon culatello accompagné d'une poire au vin rouge et un couscous servi avec des légumes marinés et des asperges aux poivrons rouges. Et, pour le deuxième plat, on hésitait entre le saumon grillé, la scaloppine sauce aux cèpes et la lasagne aux haricots verts. Au dessert, on devait se brancher entre la mousse au citron et le tiramisu.
La carte des vins, préparée par trois critiques canadiens, dont Michel Phaneuf, met en vedette un Riesling demi-sec de la péninsule de Niagara en Ontario, un Grave Sauvignon du Frioul en Italie, un Cordillera de la Vallée de l'Okanagan en Colombie-Britannique, un Shiraz du Sud-Est d'Australie et un Merlot Atrium de Torres en Espagne.
Question de coût
Bon, venons-en maintenant à la question fondamentale: est-ce que ça vaut la peine de payer cinq à six fois plus cher son billet d'avion pour traverser l'Atlantique?
Réponse: si vous éprouvez le besoin de vous informer à propos du prix, disent les Anglais, ça signifie que vous ne pouvez pas vous offrir l'objet de votre convoitise. Cela dit, je ne connais personne qui économise pendant des mois ou des années pour se ramasser assez d'argent afin de pouvoir s'offrir un billet d'avion en première classe ou en classe Affaires.
En fait, il est de commune renommée que la majorité des voyageurs des classes Affaires ne cassent pas leur petit cochon pour se permettre ce grand confort et s'octroyer tous ces petits privilèges dont celui, par exemple, de pouvoir décider de partir à quelques heures d'avis et modifier à loisir les dates de son voyage, de ne jamais perdre de temps dans les files d'attente au comptoir d'embarquement, de travailler ou de se reposer dans les salons des aéroports, de passer rapidement les services de douane et d'immigration et de récupérer ses bagages plus vite à l'arrivée.
Alors, qui voyage en classe Affaires? Les voyageurs qui font payer leurs billets par leurs entreprises, ceux qui utilisent les points des programmes de fidélisation des compagnies aériennes, les bons clients à qui on accorde de temps à autre un surclassement et, sans doute, quelques happy few qui ont les moyens financiers de ne pas regarder à la dépense. Et, vous l'aurez deviné, des chroniqueurs de voyages à qui les transporteurs font une fleur de temps en temps.
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Plusieurs albums photos de nos croisières sur Webshots...
http://community.webshots.com/user/bellegueule001
Bonne croisière de JacquesRCCL RADIANCE OF THE SEAS, 18/04/04 - 14 jours - Canal de Panama
RCCL RADIANCE OF THE SEAS, 02/05/04 - 6 jours - Côte Nord-Ouest du Pacifique
RCCL JEWEL OF THE SEAS, 18/09/04 - 10 jours - Canada/Nouvelle-Angleterre
RCCL - Serenade of the Seas, 12/03; SC
