[hr]Le mercredi 25 janvier 2006
[align=center]De la classe sardine à la classe hareng[/align]
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[align=center]C'est en entassant leurs clients comme des sardines que les compagnies aériennes parviennent à offrir d'excellents tarifs.
Photo iStockphotos.com[/align]
André Désiront
La Presse
Collaboration spéciale
La classe sardine deviendra-t-elle la classe hareng? Le grand patron de Transat, Jean-Marc Eustache, prévoit une augmentation de l'espace pour les passagers. L'empattement - le pitch, en jargon du transport aérien - est l'espace qui sépare la base d'une rangée de sièges de la base de la rangée précédente. Plus il est réduit, moins les passagers ont d'espace pour étendre leurs jambes.
«Je suis convaincu que les gouvernements vont imposer des normes, car il y a trop de plaintes», dit Jean-Marc Eustache. «Il s'agira probablement d'un empattement minimum de 32 pouces.» Actuellement, les dimensions varient de 28 à 32 pouces sur les compagnies de vols nolisés, et de 31 à 34 pouces sur les transporteurs réguliers.
Sur Air Transat, par exemple, les empattements sont de 30 et 31 pouces, selon le type d'appareils et l'emplacement de la rangée. Dans les Lockheed 1011 et les Boeing 757 qu'a déjà exploités ce transporteur, on trouvait des empattements réduits à 28 ou 29 pouces. «Mais cette époque est révolue», dit le président du groupe Transat.
Sur Air Canada, l'empattement est habituellement de 32 pouces, en classe économique, ce qui est considéré comme bon. À preuve: il n'est que de 31 pouces sur les grandes compagnies européennes desservant Montréal, comme Air France, British Airways, KLM ou Swiss, qui bénéficient pourtant d'une meilleure réputation pour le service que notre transporteur national. Sur WestJet, devenu second transporteur canadien en importance, l'empattement varie de 32 à 34 pouces, selon l'emplacement des rangées.
Un autre transporteur canadien, Zoom Airlines, qui est pourtant associé à un voyagiste réputé «bas de gamme» (Go Travel Direct), offre des empattements de 31 pouces, ce qui est respectable pour une compagnie de vols nolisés.
Quelques transporteurs américains dispensent assez généreusement l'espace à leurs passagers de classe économique. American Airlines, par exemple, avec des pitch de 33 à 35 pouces, et même la compagnie à bas tarifs JetBlue, où l'écart entre les rangées varie de 32 à 34 pouces.
Les plus chiches en la matière, ce sont les compagnies de vols nolisés et les transporteurs à bas tarifs européens: 29 pouces pour easyJet et Thomas Cook Airlines (une compagnie qui dessert Montréal en été), 30 pouces pour Ryanair. Les compagnies asiatiques prestigieuses comme Singapore Airlines ou Cathay Pacific offrent des empattements de 32 pouces en classe économique.
Dans les nouvelles classes affaires, celles qui sont équipées de sièges se dépliant à 180 degrés (mais pas complètement à l'horizontale), les empattements sont de 60 pouces, soit une dizaine de plus que dans les anciennes classes affaires, dont les sièges étaient pourtant très confortables.
Lorsqu'on n'a pas les moyens de se payer une classe affaires, pour être assuré de bénéficier d'un peu plus de confort, il faut essayer d'obtenir un siège placé devant une sortie de secours. Ce qui n'est pas évident. À bord d'Air Transat et des autres compagnies de vols nolisés canadiennes, on peut sélectionner son siège d'avance, moyennant supplément (ce qui évite aussi de se présenter trois heures à l'avance à l'aéroport pour ne pas être relégué à un siège central, par exemple). Mais les fauteuils placés devant les sorties d'urgence sont réservés plusieurs mois avant le départ. Pour les transporteurs réguliers, on peut le demander à l'enregistrement. Mieux vaut alors commencer à faire la file plus de trois heures avant le départ. Le site du consultant britannique Skytrax (www.airlinequality.com), qui répertorie une série de données concernant la qualité du service dispensé par les transporteurs, affiche des conseils de consommateurs sur les meilleurs emplacements dans les avions (dans la section seats).
Il faut néanmoins observer que c'est en entassant leurs clients comme des sardines que les compagnies aériennes parviennent à offrir d'excellents tarifs. Si les gouvernements imposent des normes minimales de 32 pouces, elles devront réduire le nombre de sièges dans leurs cabines. Ce qui se traduira par une perte de rentabilité ou par une hausse des tarifs. C'est probablement la seconde option qui prévaudra. Mais on ne pourra plus dire que les passagers sont entassés comme des sardines dans les cigares volants. Disons qu'ils le seront comme des harengs.
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