[align=right]Le mardi 08 février 2005[/align]
Navires de croisière
Épidémie de gastros
André Désiront
collaboration spéciale, La Presse
Des cas de maladies gastro-intestinales, qui n'ont pas fait les manchettes de ce côté de la frontière, ont fait grand bruit chez nos voisins du Sud. Au début du mois de janvier, le Enchantment of the Seas, paquebot de la compagnie Royal Caribbean, rentrait au port avec près de 5% de ses passagers affecté par le norovirus. Ce dernier est une vieille connaissance, puisqu'il sévit à bord des navires de croisière depuis 2002. Jusqu'à l'an dernier, on le désignait communément sous le nom de «virus de Norwalk», du nom de la ville américaine où il s'est particulièrement manifesté.
On le contracte généralement en portant les mains à la bouche après avoir touché des personnes infectées ou encore en absorbant de l'eau ou des aliments contaminés. Il provoque des nausées, des diarrhées et des vomissements, accompagnés de maux de tête et de crampes intestinales. Les symptômes perdurent pendant une période qui peut varier de 24 à 60 heures. Il n'est théoriquement pas mortel, sauf pour les bébés et les vieillards qui risquent plus volontiers la déshydratation.
Le norovirus a fait des ravages sur les navires de la plupart des grandes compagnies du monde pendant l'automne 2003 et il a remis ça le mois dernier. Après le Enchantment of the Seas, un autre navire de Royal Caribbean, le Mariner of the Seas, rentrait au port le 16 janvier avec près de 250 passagers affectés, sans compter quelques dizaines de membres d'équipage. Entre-temps, le Sun Princess, de Princess Cruises, ainsi que le Rijndam et le Veendam, de Holland America, débarquaient, eux aussi, leur contingents de victimes du norovirus.
La situation devenait à ce point préoccupante que l'International Council of Cruise Lines (ICCL), qui regroupe les 16 principales compagnies de croisières actives en Amérique du Nord, a diffusé un communiqué destiné à remettre les pendules à l'heure. On y rappelle notamment que les norovirus affectent chaque année des millions de personnes qui le contractent, non pas sur un navire de croisière ni dans une destination exotique, mais dans des pays aussi dangereux que... les États-Unis, le Canada et le Japon.
Selon le Center for Disease Control and Prevention (CDC), 24 millions d'Américains, soit 8% de la population contractent annuellement un norovirus. Les affections gastro-intestinales occupent aujourd'hui le second rang des maladies les plus répandues aux États-Unis, après le rhume commun. Au Canada, le nombre de cas détectés a été multiplié par 15 au cours de la dernière décennie. Sur les bateaux de croisière, environ 1% des passagers sont affectés chaque année. Les cas détectés à bord interpellent davantage l'opinion publique, parce que les compagnies sont tenues de signaler et de documenter tous les cas aux autorités sanitaires. De la même manière, lorsqu'ils savent qu'il y a des cas de passagers infectés, les pilotes d'avions de ligne sont tenus de le signaler aux autorités, avant l'atterrissage. Lorsque les appareils touchent le sol, des représentants de Santé Canada montent à bord pour voir s'il y a lieu de prendre des mesures particulières. C'est ce qui s'est passé avec les deux vols de retour de Punta Cana, le 25 janvier, ce qui a déclenché la médiatisation de l'affaire.
Navires contaminés
Il n'en reste pas moins que 1% des passagers, cela fait quand même beaucoup de monde -en fait, 100 000 personnes, puisque quelque 10 millions de consommateurs ont effectué une croisière l'an dernier. Malgré des opérations de désinfection et des protocoles de précautions rigoureux (on oblige notamment les passagers à se laver les mains avec un savon prophylactique, à l'entrée des salles à manger), les compagnies de croisière n'arrivent pas à décontaminer leurs navires. On ne sait pas exactement où réside le bobo. Les enquêtes invoquent tantôt de mauvaises conceptions des réservoirs d'eau potable, tantôt l'utilisation de l'eau de mer en cuisine, quand ce n'est pas la manipulation des aliments ou encore les conditions d'hygiène déficientes dans les ports où les paquebots s'approvisionnent en eau potable. En fait, personne ne sait exactement à quel saint se vouer et des norovirus sévissent de manière récurrente, affectant chaque fois une quinzaine de navires.
http://www.cyberpresse.ca/voyage/articl ... 4357.shtml
